Novembre/Décembre 1995 Grève des Cheminots

Vingt ans déjà, ce n’est pas encore le temps de l’histoire mais celui des souvenirs qui serviront, plus tard, le travail des historiens.

La conjonction d’un nouveau contrat de plan à la SNCF et un plan de réduction drastique des prestations pour les régimes sociaux avancés par le 1er ministre de l’époque Alain Juppé seront les principaux catalyseurs du mouvement.

Pour la SNCF, le président Jean Bergougnoux propose un nouveau contrat plan entre la SNCF et le gouvernement. Celui-ci prévoit la suppression de 6 000 km de lignes pour réaliser une économie de 1,5 milliards de francs, avec à la clé la suppression de 30 à 50 000 emplois et la vente d’une grande partie du patrimoine. Les missions de service public de la SNCF sont abandonnées et une grande partie du territoire national ne comporte plus de voies ferrées en activités comme par exemple le Massif Central (déjà !). De plus le statut des cheminots avec son service de prévoyance est attaqué (âge de départ à la retraite, calcul des retraites …) avec des remises en cause de l’ensemble des prestations des actifs et retraités et l’augmentation des cotisations des assurés sociaux.

Dès le 28 novembre 1995, les cheminots réunis en assemblées générales (AG) lancent l’action. L’AG de Montpellier décide l’arrêt du travail et 300 cheminots manifestent jusqu’à la préfecture. Particularité de ce conflit, chaque agent participe à l’action en fonction de ses moyens et peut faire 59 minutes, 4 heures ou la journée de grève. L’objectif étant la participation la plus nombreuse possible des cheminots de la résidence de Montpellier à l’action.

Le 30 novembre d’autres secteurs d’activité rentrent dans la lutte comme EDF ou les étudiants qui ont comme ministre un certain Bayrou (vingt ans après beaucoup de personnalités politiques sont les mêmes).

Le 5 décembre 1995, le compte rendu de l’AG donne comme participation de grévistes sur Montpellier :

  • Exécution 78 %
  • Maîtrises 65 %
  • Cadres 25 %

Ce jour-là 500 cheminots participent à la manifestation à Montpellier qui rassemble 30 à 35 000 participants et plus de 100 000 sur la région.

Le 7 décembre une nouvelle manifestation réunit 35 000 participants sur la ville. Il faut aussi noter que 500 manifestants défilent le 9 décembre à Lunel.

Le secteur fédéral CGT des cheminots de Montpellier avance pour la région les chiffres suivants :

  • 5 700 agents travaillent sur la région en 1995 et exploitent 1 968 km de lignes
  • Le projet pour l’an 2000 est de moins 1 660 agents avec un réseau diminué de 44 % de lignes exploitées.

Le 12 décembre, la manifestation montpelliéraine rassemble 60 000 participants dont 900 cheminots et on compte 194 900 manifestants sur l’ensemble de la région. Ce jour-là, place de la Comédie, 12 mètres de voies (rails et traverses) sont montés et resteront plusieurs jours. Les cheminots comptent 45 % de grévistes à la direction régionale et nationalement les chiffres de grévistes sont supérieurs à ceux de mai/juin 1968.

Dans le pays les deux millions de manifestants sont dépassés et de nouvelles catégories de salariés, notamment du secteur privé, rentrent dans l’action.

A partir des résultats obtenus, certaines AG s’orientent vers la reprise du travail. Pour conserver une cohérence au mouvement, la Fédération CGT des cheminots précise « concernant la lutte contre le plan Juppé, les cheminots constatent que l’élargissement de l’action à l’ensemble des professions pour son retrait se manifeste actuellement sous la forme de grandes journées d’action plutôt que par la grève générale reconductible ».  Elle ajoute que les salariés souhaitent « modifier la forme actuelle du mouvement en préservant leur unité,… renforcer la mobilisation pour chaque rendez-vous interprofessionnel de lutte pour le retrait du plan Juppé… en contribuant à l’organisation de puissantes manifestations unitaires le samedi 16 décembre ». Et précise « Notre victoire sur le régime spécial de retraite et de prévoyance est un point d’appui pour l’ensemble des salariés… »

Le samedi 16 décembre, des manifestations « monstres » ont lieu sur tout le territoire, et près de trois millions de manifestants sont recensés.

Le lundi 18 décembre les cheminots de Montpellier tiennent une AG et décident de suspendre le mouvement. Après 24 jours de grève le cheminots ont fait reculer le pouvoir et la direction SNCF.

A Montpellier cette lutte permet de renforcer la CGT, d’affirmer la ville comme une résidence cheminote à part entière et de montrer qu’on peut mener une lutte dont le moteur, au quotidien, est la démocratie. En effet, c’est au travers des AG que les cheminots ont menés l’action jusqu’à la victoire.


Archive pour mai, 2015

Novembre/Décembre 1995 Grève des Cheminots

Vingt ans déjà, ce n’est pas encore le temps de l’histoire mais celui des souvenirs qui serviront, plus tard, le travail des historiens.

La conjonction d’un nouveau contrat de plan à la SNCF et un plan de réduction drastique des prestations pour les régimes sociaux avancés par le 1er ministre de l’époque Alain Juppé seront les principaux catalyseurs du mouvement.

Pour la SNCF, le président Jean Bergougnoux propose un nouveau contrat plan entre la SNCF et le gouvernement. Celui-ci prévoit la suppression de 6 000 km de lignes pour réaliser une économie de 1,5 milliards de francs, avec à la clé la suppression de 30 à 50 000 emplois et la vente d’une grande partie du patrimoine. Les missions de service public de la SNCF sont abandonnées et une grande partie du territoire national ne comporte plus de voies ferrées en activités comme par exemple le Massif Central (déjà !). De plus le statut des cheminots avec son service de prévoyance est attaqué (âge de départ à la retraite, calcul des retraites …) avec des remises en cause de l’ensemble des prestations des actifs et retraités et l’augmentation des cotisations des assurés sociaux.

Dès le 28 novembre 1995, les cheminots réunis en assemblées générales (AG) lancent l’action. L’AG de Montpellier décide l’arrêt du travail et 300 cheminots manifestent jusqu’à la préfecture. Particularité de ce conflit, chaque agent participe à l’action en fonction de ses moyens et peut faire 59 minutes, 4 heures ou la journée de grève. L’objectif étant la participation la plus nombreuse possible des cheminots de la résidence de Montpellier à l’action.

Le 30 novembre d’autres secteurs d’activité rentrent dans la lutte comme EDF ou les étudiants qui ont comme ministre un certain Bayrou (vingt ans après beaucoup de personnalités politiques sont les mêmes).

Le 5 décembre 1995, le compte rendu de l’AG donne comme participation de grévistes sur Montpellier :

  • Exécution 78 %
  • Maîtrises 65 %
  • Cadres 25 %

Ce jour-là 500 cheminots participent à la manifestation à Montpellier qui rassemble 30 à 35 000 participants et plus de 100 000 sur la région.

Le 7 décembre une nouvelle manifestation réunit 35 000 participants sur la ville. Il faut aussi noter que 500 manifestants défilent le 9 décembre à Lunel.

Le secteur fédéral CGT des cheminots de Montpellier avance pour la région les chiffres suivants :

  • 5 700 agents travaillent sur la région en 1995 et exploitent 1 968 km de lignes
  • Le projet pour l’an 2000 est de moins 1 660 agents avec un réseau diminué de 44 % de lignes exploitées.

Le 12 décembre, la manifestation montpelliéraine rassemble 60 000 participants dont 900 cheminots et on compte 194 900 manifestants sur l’ensemble de la région. Ce jour-là, place de la Comédie, 12 mètres de voies (rails et traverses) sont montés et resteront plusieurs jours. Les cheminots comptent 45 % de grévistes à la direction régionale et nationalement les chiffres de grévistes sont supérieurs à ceux de mai/juin 1968.

Dans le pays les deux millions de manifestants sont dépassés et de nouvelles catégories de salariés, notamment du secteur privé, rentrent dans l’action.

A partir des résultats obtenus, certaines AG s’orientent vers la reprise du travail. Pour conserver une cohérence au mouvement, la Fédération CGT des cheminots précise « concernant la lutte contre le plan Juppé, les cheminots constatent que l’élargissement de l’action à l’ensemble des professions pour son retrait se manifeste actuellement sous la forme de grandes journées d’action plutôt que par la grève générale reconductible ».  Elle ajoute que les salariés souhaitent « modifier la forme actuelle du mouvement en préservant leur unité,… renforcer la mobilisation pour chaque rendez-vous interprofessionnel de lutte pour le retrait du plan Juppé… en contribuant à l’organisation de puissantes manifestations unitaires le samedi 16 décembre ». Et précise « Notre victoire sur le régime spécial de retraite et de prévoyance est un point d’appui pour l’ensemble des salariés… »

Le samedi 16 décembre, des manifestations « monstres » ont lieu sur tout le territoire, et près de trois millions de manifestants sont recensés.

Le lundi 18 décembre les cheminots de Montpellier tiennent une AG et décident de suspendre le mouvement. Après 24 jours de grève le cheminots ont fait reculer le pouvoir et la direction SNCF.

A Montpellier cette lutte permet de renforcer la CGT, d’affirmer la ville comme une résidence cheminote à part entière et de montrer qu’on peut mener une lutte dont le moteur, au quotidien, est la démocratie. En effet, c’est au travers des AG que les cheminots ont menés l’action jusqu’à la victoire.

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